Début octobre, je suis dans le sud-est de l’Utah. Cela fait 15 jours que je suis, à distance via le net, le mouvement désormais connu sous le nom d’Occupy Wall Street. A ce moment pourtant, bien pauvres, quand elles existent (!), sont les images et informations qui relatent ce qui se passe. Alors que la France semble obnubilée par les primaires socialistes, pour ma part, il me semble que les évènements qui se déroulent à New York ne sont que les prémices de quelque chose de plus significatifs et mériteraient d’être mieux couvert médiatiquement. Apres une semaine de tergiversations intérieures, mon Leica et quelques rouleaux de Tri-x dans le sac, je prends un vol Salt Lake City - New York, et décide de documenter ce mouvement naissant.
En fréquentant quotidiennement Zuccotti Park, en discutant avec tout un chacun, en m’attardant aux assembles générales, je découvre que sous l’apparente désorganisation, se cache un formidable élan, une énergie rare concentrée sur un objectif bien concret : la création d’un nouveau modèle de démocratie et sa diffusion dans le monde entier, comme alternative pacifiste et solution aux maux de nos sociétés.
Et je ne me lasse pas d’être surpris par cette maturité politique populaire dans un pays qui en manque cruellement. Mon intérêt s'oriente sur ces américains qui portent un autre système de valeurs, qui parlent de lutte des classes et non de success story. Alors que le monde entier semble vouloir suivre le modèle de développement incarné par une Amérique individualiste et cynique, faite de «leaders» damnant le pion aux «loosers», ces manifestants construisent eux, au jours le jour, un système gagnant/gagnant ou la redéfinition des besoins (par opposition à la sacro-sainte consommation) se veut gage d’une société qui leur ressemble, durable et fraternelle (par opposition à une société constituée d’individus en situation de précarité, génératrice d’exclusion).
Je suis également séduit par ces hommes, ces femmes, par cette incroyable diversité de voix en apparence fragile qui scandent leurs ras le bol d’un pouvoir politique corrompu à la solde du monde de l’argent, et donnent à voir un exemple concret de résistance active et déterminée.
Enfin par le prisme de ce mouvement, on accede a toute la complexite de la societe americaine, ses echecs, ses problematiques, mais aussi ses espoirs.
Voici les photos :
http://www.flickr.com/photos/nicolasrivoire/sets/72157627903256022/show/ (Pour les legendes, sortir du mode diaporama)
Ce travail photographique a New York a été réalisé entre le 9 et 15 octobre 2011. J’ai continué par la suite de documenter le mouvement «#Occupy» sur la côte Ouest, à Oakland et Berkeley plus précisément, deux lieux charges d’histoire qui ne semblent pas encore avoir perdu la ferveur contestataire qui les animait dans les années 60 et 70.