Couramment appelé matsuri (« fêtes »), les celebrations des tokiori (les « pliures du temps ») sont des moments particuliers du calendrier japonais, où le monde profane se revivifie au contact du sacré. (…) Parades, beuveries ou pèlerinages, les fêtes japonaises sont innombrables, suscitant un tourisme intérieur intense. Aujourd’hui accordées davantage aux rythmes scolaires qu’aux variations saisonnières de la nature, elles rappellent que le temps demeure néanmoins l’effet des forces cosmologiques. Ce monde échappe ainsi au processus de dégradation des choses dans le temps, auquel il serait, sinon, voué.

Dictionnaire de la civilisation japonaise, Ed. Hazan, 1994



Au printemps 2024, promenant le vague orgueil d’être vagabond, dormant à la belle étoile ou clandestinement à l’abri des sanctuaires shintō pour échapper à l’averse, j’ai marché, oscillant, dessinant des embardées entre l’erreur et l’errance, l’impasse et l’impatience, la fuite et l’effacement, dans l’archipel japonais.

De ces méandres, j’ai choisi de ne montrer ici qu’une dizaine de portraits, négligeant la narration au profit de la sensation, ne documentant rien de l’historique ni du monumentale, sans la moindre vue d’ensemble, puisque l’oeil dans « la pliure » ne voit jamais l’événement dans sa globalité mais dans sa profondeur. Parce que pour l’étranger -que j’étais-, la fête shintō est l’expérience de la perte de tout repère, chronologique, spatiale, culturel, ontologique. Labyrinthe enivrant où les 5 sens sont les témoins dépaysés, les passagers effarés d’un voyage hautement poétique, dont l’intensité, la tension, l’étrangeté ouvrent sur l’autre monde, dans les pliures du temps.

C’est donc un choix subjectif et impressionniste qui constitue cette série, dans un ordre chronologique et non esthétique, ce respect du calendrier de prise de vue étant la seule touche quelque peu rationnelle de cette courte histoire.








Matériel utilisé : M11, 75 Summilux, 28 Nokton, à pleine ouverture, la plupart du temps.

Bonjour à tous !
Quelqu'un utilise, a utilisé, testé ce pancake sur M10 et/ou boîtiers postérieurs ?
Ayant trouvé une review très élogieuse chez Fred Miranda, j'aimerais lire davantage à ce sujet.
https://www.fredmiranda.com/forum/topic/1659606/3

Un test très pertinent : https://www.fredmiranda.com/forum/topic/1784972/0

Eu l'occasion de monter le type II anodisé noir sur un M chez monsieur Richard Frances (lapetiteboutiquephoto) : non seulement son design est magnifique, mais sa faible longueur rend parfaits visée et prise en main.
La fluidité de la bague de m.a.p. est idéalement véloce, aussi confortable que sur un cron 35 ou 28 asph et on ne fait pas mieux que celle du diaph. en terme de précision et de crantage. Mon cœur pencherait pour le type I plus léger, et au noir mat distingué, mais je préfèrerais le rendu du 2/35 Ultron qui, cependant souffre d'un design plus rudimentaire, moins fluide et moins pratique (la bague de diaph. est si petite qu'elle impose le recours à un pare-soleil si on veut éviter de passer les doigts devant la lentille frontale). L'idéal serait de posséder les deux, ce qui, bien que n'égalant pas le montant d'un seule 35 allemand, demeure une hypertrophie dans la besace.

Destination peu ordinaire, plus particulièrement en période estivale. Ces "jeunes années" remontent à quand ? J'ai visité Harrar en janvier:février 2008 (date des photos ci-dessus) puis en janvier/février 2014. L’Éthiopie à beaucoup changé entre ces deux voyages, mutation moins sensible au Harrar. J'avais croisé Depardon en 2015 qui me disais n'avoir constaté aucun changement au Harrar, alors que ces voyages s'y échelonnent sur plusieurs décennies.

Belle poétique de l'asphalte. Donne envie de claquer la porte et de marcher sans fin.

C'est beau !

Un lieux intemporel et sa lumière hivernale (?) restitués fidèlement dans ces images denses hors des clichés battus. Quelle année y es-tu allé ? J'en parlerai bien un de ces jours autour d'un verre, puisque nous sommes quasi-voisins...

Des images pleines d'odeurs qui rendent tangibles " les vignes, champs, élevages, ces hommes"... Qui est l'auteur de ce titre éminemment poétique "Il mio paese è là dove passano le nuvole più belle" qui colle parfaitement à la série ?

J'adore cette alchimie de l'arpentage et de la photographie, sincère, graphique, sensible.

C'est la première image dont on m'avait commandé un tirage fine art, il y a quelques années. Elle trône en un beau format A2, quelque part, chez un collection de brestois. Mais, l'unanimisme et le consensuel ont tendance à me relégué auprès des vilains petits canards qui ont besoin de défense, et à ne plus me faire fredonner, comme Apollinaire, que la chanson du mal aimé. Avec cette fâcheuse obsitnation à vouloir défendre les plus faibles de mes images, j'ai failli exclure cette photo de la série... Ne part pas à l'aventure celui qui n'est pas un peu masochiste.

Bonjour à tous !
Ce long silence qui m'a drapé comme un linceul presque à mon insu pendant un mois a dû me faire passer pour le roi des snobs... Gar nicht ! comme on dit à Wetzlar. J'attendais juste de trouver le temps et les mots.
Merci à tous, aux "27" pour leur attention, aux Amis pour le Prix, et à vos commentaires qui me sont allés droit à la rétine, et auxquels je compte bien répondre individuellement. Je suis d'autant plus touché que, n'étant pas plus mondain qu'un ours en plein hiver, et ce 12/12 mois, je gage que cette attention ne relève en rien du copinage, ni d'une séduction autre que photographigénique.
Prix, votes ou pas, comme il est dit chez Lang, "l'exercice aura été profitable, Monsieur." (quiconque saura de quel film la réplique est issue aura tout mon respect et peut-être un verre autour duquel bavarder à bâtons rompus des grands hommes d'image avec gourmandise). Je m'explique : la tempête dans un crâne que représente chaque série à soumettre à un concours m'aura fait remonter le temps jusqu'à cette époque où j'allais dans le plus simple appareil...

Profitable, d'ouvrir, 14 ans plus tard, des DNG de M8 en 2008 et d'en apprécier la qualité (en noir & blanc), de retrouver le plaisir de ce capteur au rapport x1,33 qui faisait de mon couple 21/35mm un parfait 28/45mm, de voir à quel point un boîtier retors dont les défauts, l'immaturité et les bugs, rendaient la prise de vue à la fois encore plus intuitive et plus rigoureuse, a contrario des superbes visées reflex ou électroniques, ou encore écrans haute résolution flatteurs qui m'ont toujours rendu paresseux. Plus la technique est performante, plus l'homme est médiocre.

Profitable de retrouver, 14 ans plus tard, des images que je ne fais plus. La haute résolution des nouveaux capteurs, l'extrême définition des nouvelles optiques, et l'inflation conséquente du rapport poids/volume des bestiaux m'ayant orienté vers davantage de paysages, de nature morte, de solitude. Sans la convivialité et la discrétion du télémétrique, j'ai toujours eu du mal à m'imposer à l’inconnu sans le déplaisir de ne pas être à sa hauteur, sans l'impression d'avoir un regard condescendant et brutal.

Profitable de redécouvrir, 14 ans plus tard, des images abandonnées au fil des ans, inabouties pour certaines, équivoques pour d'autres. C'est le cas pour la moitié des images de la série, ressorties comme de vieux corps fatigués du fond des oubliettes métalliques d'un disque dur. Certaines sont restées imparfaites, mais j'ai eu plaisir -et il y avait un sens- à les publier ici, d'autres sont remontées dans mon estime et mon petit panthéon narcissique, d'autres encore ont surgi de nulle part, inédites, jamais vues, jamais développées, s'imposant comme les meilleures de la série, à mes yeux, aujourd'hui, j'y reviendrai.

Merci donc à ce concours qui m'aura incité à remettre la main sur un télémétrique et à retourner photographier des inconnus de près, moins de fougères, plus de chairs...

ÉTHIOPIQUES
Il y a ces voyages qui vous incitent à faire une photo, et il y a ces photos qui vous invitent à faire un voyage. C’est dans ce deuxième cas que la série qui suit à vu le jour. Ni reportage, ni marche, ni démarche, sinon celle de revenir à la forme la plus simple de ce que la photographie avait été pour moi à l’origine, lorsque j’étais adolescent : ni sujet, ni objet, mais une simple façon d’aller muettement par le monde pour lui prendre le pouls, une déambulation plus primesautière qu’un jeu d’enfant, labourer le présent jusqu’à ce qu’il ne soit plus que présence.
Pour ce retour aux origines, une terre des origines, celle que les mythes et les sciences s’accordent à désigner comme l’un des berceaux de l’humanité, l’Éthiopie. Diodore de Sicile avait été catégorique : « c’est la région la plus voisine du soleil et donc la première peuplée d'êtres vivants ». Ne lui donnera pas complètement tort, 2000 ans plus tard, le fossile daté de 3,18 millions d’années nommé « Lucy » par une poignée de chercheurs dont le regretté Yves Coppens.

En ce temps, j’aimais par dessus tout un poète et les anciens pèlerinages. Rimbaud avait vécu au Harrar près du grand rift, et des pèlerins magnifiques marchaient vers Lalibela. Je décidai de circonscrire mon regard à ces 2 cités mythiques. Que reste-t-il de nos amours ? La cartographie d’une route oubliée, celle de l’innocence, ce « je ne sais quoi » qui vibre dans ces figures de feu, ces volutes d’encens, ces drapés, ces murs lépreux, ou cette grappe de bracelets étincelants, dans l’horizon froissé des hauts plateaux d’Éthiopie, et qui pourrait s’appeler la grâce. En voici peut-être 10 vestiges.


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Leica M8 Leica Elmarit-M 21mm f/2.8 ASPH.

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Leica M8 Leica Elmarit-M 21mm f/2.8 ASPH.

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Leica M8 Leica Summilux-M 35mm f/1.4 ASPH.

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Leica M8 Leica Summilux-M 35mm f/1.4 ASPH.

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Leica M8 Leica Elmarit-M 21mm f/2.8 ASPH.

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Leica M8 Leica Summilux-M 35mm f/1.4 ASPH.

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Leica M8 Leica Elmarit-M 21mm f/2.8 ASPH.

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Leica M8 Leica Elmarit-M 21mm f/2.8 ASPH.

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Leica M8 Leica Elmarit-M 21mm f/2.8 ASPH.

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Leica M8 Leica Elmarit-M 21mm f/2.8 ASPH.

Bonjour à tous ! Au hasard de dérades dans les limbes oxydés d'un vieux disque dur endormi depuis 14 ans, découverte d'un autoportrait... micro événement nombrilique tout chargé de parfums des lointains voyages, qui trouvera sa place ici, je gage.

Leica M8

Comme une pierre dans le vide

« Comme une pierre dans le vide le passé tombe en moi. » Sans Espoir, Attila József

Comme une pierre dans le vide, c’est une fugue, celle d’un piéton qui, en 2001, est allé jusqu’à Jérusalem pour faire corps avec une certaine idée de la Route, de l’Orient, de l’Autre, de l’Ailleurs et bien d’autres choses encore qu’il a perdu de vue, comme d’oublier à quel orient, à quel occident il appartient…

20 ans plus tard, du geste libre, naïf, romantique et sauvage que fut ce vagabondage, tirant des bords entre l’Histoire, l’anthropologie, et la mystique, les images qui survivent à leurs sujets éparpillés par les guerres, le vent, le temps, l’oubli, ne sont ni souvenir, ni preuve, ni témoignage, mais triangulation, toponyme, courbe de niveau, frontière : prendre des photos à pied aura aussi été cartographier. Si toutefois, ces modestes plans, ces atlas maison avaient moindre valeur documentaire, ce serait justement la petite histoire et non la grande (avec sa grande Hache) qu’elles voudraient archiver, c’est l’état d’esprit dans lequel elles ont été vécues dont il ne faudrait pas perdre de vue l’itinéraire : liberté, innocence, mélancolie. Toutes les composantes essentielles de l’art simple d’errer humainement sans erreur…

Les 9 images proposées ici, réalisées en 2002 ou 2003, sont fragment d’un reportage entrepris pendant les années 2000. Ce sont des portraits volés entre Alep et Jérusalem. L’intériorité du paysage et de l’humain me semblent bien résonner. J’espère prochainement publier ces 10 années de photographie prochainement.

Leica M6, 21 Elmarit asph. , 50 summicron, Velvia 50, Kodak E200

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