Merci d'avoir pris le temps de repondre!
Tarfar a écrit
Affirmer qu’il est présomptueux parce qu’il parle de lui à la 3ème personne sur UNE vidéo de lancement de sa chaine Youtube, c'est sans doute que vous n'avez pas du tout saisi l'esprit de cette vidéo de même que le reste de la série Youtube, teintée d'une bonne dose d’autodérision et d'humour à l'anglaise. Toutes ses vidéos sont d'ailleurs marrantes avec une musique de lancement qui plante le décors (en plus d'être instructives !). Le personnage est sympathique, voire attachant. Beaucoup d’autres auraient pris le melon bien plus vite !
Je concède que le mec à l'air sympathique
Je ne crois pas avoir dit ou impliqué l'inverse...
Je n'ai regardé qu'une de ses vidéos parceque j'ai compris qu'helas il n'y aurait pas grand chose à y apprendre.
Youtube est un trou noir et j'essaie d'y passer le moins de temps possible.
Je partage quand même
Wrong Side Of the Lens une série d'une douzaine de mini docus presentant des photographes de "street" au sens tres large. C'est plutot bien produit pour du youtube, si vous devez n'en voir qu'un, Jill Friedman evidement.
citation :
Por mémoire, 1ère sortie dans les environs de Creil pour un ermite qui s'était pendu dans une cabane en forêt et retrouvé 15j plus tard. Sans doute photographiquement parfait en NB. Mais franchement, je passe mon tour. Autre sortie sur une nana retrouvée inanimée et bleue dans la salle d'attente de son médecin traitant. je l'ai réanimée bien malgré moi sans avoir fait le diagnostic juste en lui mettant un coup d'oxygène. C'est un pompier qu im'a soufflé le mode opératoire quasi invisible . Elle s'était balancé une bonne dose d'héroïne entre les orteils. C'est juste pour dire que ce genre de scène en photo et à postériori, si elle choque le bourgeois en manque de sensation, elle ne me choque pas du tout, elle me retourne complètement le cerveau et me replonge bien malgré moi dans un quotidien glauque que je côtoie encore hélas trop souvent à mon goût et que j'essaye de fuir avec des images à la Alan Schaller.
Vous en avez marre du pathos... mais vous ne pouvez pas resister a la tentation de nous presenter deux ou trois anecdotes!
C'est tres humain, nous sommes tous des raconteurs (et écouteurs!) d'histoires.
Les lecteurs de ce fil qui salivaient d'avance sur votre réponse sont une autre illustration.
Les histoires de Schaller m'indifèrent, peutêtre que je n'ai pas le vécu pour apprecier, ou peutêtre que je n'ai pas enccore assez bien digéré Fan Ho, Cartier Bresson, René Buri...
Mais bon, maintenant que Alan est défendu peut-on passer à autre chose?
lenicolas a écrit :
Chez Schaller j’ai l’impression de le regarder planté 20min sur le même trottoir, à attendre que le piéton le plus générique possible passe devant un mur en béton qu’il finira par noircir en post prod. Je baille et je le plante là ; je vais me chercher un café.
Tarfar a répondu
Et alors ? il y en a d'autres et pas des moindres qui ont avoué à postériori avoir passé des heures à attendre à un endroit qu'un gars saute sur une flaque derrière une gare. L'instant décisif, c'est pas forcément l'instant providentiel !
Surtout que Schaller ne s'en cache pas. Il détaille sa démarche et prend la peine d'expliquer ses choix esthétiques et son parti pris de privilégier la géométrie dans sa construction photographique. Démarche à l'opposé d'un Daido Moriyama, qui shoote de manière compulsive sans cadrage et souvent à l 'arrache des kilomètres de négatif pour sortir une photo originale. Pourquoi serait-il meilleur ?
Voila par exemple une discussion que n'ai pas le souvenir d'avoir lu sur Summilux-point-net
Au delà des raisons pratiques et techniques (j'aime pas marcher / je suis trop timide / je n'arrive pas a faire le point a la volée...) quelles sont les repercussions sur l'oeuvre quand un photographe de rue choisi quasi exclusivement une stratégie de prise de vue et délaisse l'autre?
Tafar, si il a vraiment eu le malheur de se coltiner l'ensemble de ma production youtube, sait que j'y ai abordé le sujet.
Pour ceux qui peuvent tolérer mon narcissisme (et un mauvais micro!) pendant 12min,
la vidéo est là! Pour ceux qui ont mieux à faire, je résume mon point de vue :
Le photographe statique à la Schaler : Ramenera plus souvent des images, se fera moins "attraper" par ses sujets, et produira un travail plus homogène en terme de visuels.
Le piège à éviter est le suivant : comme il choisit ses images en privilegiant le visuel ("j'aime cette composition, je vais attendre que quelque chose s´y passe") il n'y à pas tellement d'opportunités pour grandir et apprendre. Il sera attiré par les endroits et situations qui ressemblent á des images qu'il a deja vues ou faites. On produit une série tres homogène visuellement, au risque d´être trop homogène et donc répétitif.
Il y à aussi un soucis sur le contenu thématique ; comme j'ai choisi la composition et simplement attendu que quelque chose s'y passe, mon seul moyen de controller le contenu de mon image serait de rester un temps infini jusqu'à ce que le "bon sujet" fasse irruption. Personne n'à un temps infini, donc ce qui finit par se passer c'est que la ville vous impose le sujet. Si vous avez planté votre cadre entre deux immeubles de la défense, j'espère que les mecs en costard collent à votre thème, sinon vous allez attendre longtemps
Un risque majeur aussi (et à mon avis Schaller échoue ici) c'est de se retrouver avec trop de sujets qui ne font rien de spécial.
HCB a attendu longtemps derrière la Gare St Lazare, mais il a recu le cadeau suprême : une action (les anglais disent "Gesture") complètement poëtique et absurde. Ce type qui saute gracieusement mais va retomber en plein milieu de la flaque et pourrir ses chaussures, c'est infiniment mieux que des gens qui marchent tout droit en regardant leurs téléphones.
Le photographe ambulant à la
Garry Winogrand : passera souvent des semaines entières sans rien ramener, se fera souvent attraper par ses sujets, et produira un travail plus homogène en terme de thème.
Le piège à éviter evidement, c'est de trop ignorer l'ésthetique
On finit par inclure des images dans la série qui sont objéctivement médiocres, mais qui disent quelque chose de capital sur le sujet...
Je crois que les meilleurs photographes font les deux : ils déambulent et savent chasser leur sujet, mais si ils passent devant une composition prometteuse ils sont prêts à s'arreter 20 minutes et voir ce qui se présente. Par exemple Sam Abell qui sait
se poser là et attendre qu'une dame en gris complête la scène mais qui sait aussi
comment organiser en un instant une composition complexe:
Bonne journée!