Territoire de chasse
Durant trente-huit années, j’ai habité le centre d’une métropole. J’y ai vécu une vie de citadin, loin d’une ruralité qui m’était étrangère.
Cela fait désormais deux ans que j’ai sauté le pas d’une vie de village. Non sans appréhension à l’idée de quitter le seul mode de vie que j’avais connu, l’envie d’offrir un air plus frais et la vue des arbres à mes enfants finirent par me convaincre.
Un village composé d’une majorité de cadres et de professions libérales n’allait pas me propulser dans un monde très différent de celui que j’avais connu jusqu'alors…
Il me fallut quelque temps pour me rendre compte que nous n’étions plus en ville. Le village se situe sur les hauteurs d’un balcon naturel, point de départ d’une combe, classée réserve naturelle.
Cet espace pittoresque, entre forêts, cours d’eau sinueux, et affleurements rocheux est une zone privilégiée des randonneurs. Elle se révèle être le dernier maillon d'une banlieue métropolitaine qui cède la place à un immense massif forestier, percé de cultures éparses et de villages isolés. Je me retrouve au contact d'une pratique ancestrale aujourd’hui sujette à polémique et bien éloignée de la culture des centres urbains: la chasse.
J’ai d’abord été surpris, un dimanche d'octobre, par la remarque de la boulangère : « si vous voulez des croissants il faut les réserver sinon les chasseurs raflent tout ! ». Le restaurant du village? Spécialisé dans la cuisson des viandes au feu de bois. Plus loin, on peut lire sur une boîte aux lettres « syndicat des armes et des munitions ». Lorsque l'on s'aventure aux limites du village on tombe sur une véritable armurerie et à quelques pas, une enseigne à tête de cerf indique la présence d'un maître taxidermiste...
Ce fut le point de départ de ce « Territoire de chasse ».
Matériel utilisé :
* Leica MP (argentique)
* Pellicule Cinestill 800t (le rendu « cinéma » me plaît beaucoup)
* Summilux 35 / 50