Robert |
|
Membre des Amis Messages : 18657Depuis le 21 déc 2006 Ile de France |
cedric-paris a écrit : igemo a écrit : Salgado est un habile commerçant qui sait vendre (...). Dans les années 80 l'air du temps était différent, plus léger, donc il aurait vendu autre chose : un pur exotisme teinté de jardin d'Eden ("ah les gentils sauvages, restés purs"), du dépaysement gentillet façon "Geo". Dans les années 80, Salgado parcourait le Sahel, photographiait les camps et la famine en Ethiopie, au Mali, et au Tchad. Pour voir "l'air du temps très léger" qui y régnait ses photos sont là: https://www.amazonasimages.com/travaux-sahel En effet, les enfants dénutris sont très légers. igemo a écrit : Seb nous vend un monde silvaireOn tente "sylvestre"? Je fais partie de ceux qui ne comprennent pas ces procès. Il fait son job, plutôt bien. Depuis ses débuts avec Médecins Sans Frontières jusqu'à aujourd'hui, les photos de Salgado m'impressionnent et arrêtent le regard. Comme beaucoup, je n'aurais probablement pas entendu parler des mines d'or de Mias Gerais sans ses photos. Des sujets au long cours comme l'exode, les famines, les populations civiles en zones de conflits, les migrations ou la déforestation, sont l'objet de travaux sur plusieurs années. Après plus de 30 ans de carrière, avec le recul qui est le sien, quand il a du succès et se permet de monter une expo ambitieuse avec des moyens, de grands tirages et d'y associer Jean-Michel Jarre, c'est mal. Voudrait-on qu'il fasse une expo mal fagotée avec des bouts de ficelle pour faire plus "authentique"? Susan Sontag, compagne de la photographe Annie Leibovitz, avait développé sa critique de manière moins superficielle. En 2002, comme quelques autres, elle avait critiqué l'esthétisation de la violence, au sujet des photos en noir et blanc de Salgado et de Nachtwey. Ce reproche s'applique à toute photo qui allie détresse ou violence à la beauté ou l'esthétique, telle cette photo qui a valu le Pulitzer à Javier Manzano (Alep, 2012). Malgré toutes ses qualités, Susan Sontag n'est pas descendue dans les mines du Minas Gerais, n'a pas sillonné l'Amazonie ni rencontré les migrants montrés par Salgado. Elle n'a pas non plus eu à proposer ses photos à des rédacteurs en chef pour pouvoir continuer son travail. Il manque cette légitimité à la plupart des critiques. + 1 On peut regarder cette photo de la femme aveugle au Mali : https://pointespalettespartition.wordpr ... o-salgado/ et critiquer... Dans l'expo de la Villette, il y a des portraits extra-ordinaires, mis en scène ou pas : https://www.francetvinfo.fr/culture/art ... 29731.html La photo de la femme afghane aux yeux verts a suscité le même genre de polémique concernant Mc Curry. Salgado ne cache pas qu'il travaille depuis un certain temps avec une équipe, mais cela n'a pas toujours été le cas et, à 77 ans, ma foi... Et, il n'est pas le seul et pour ce projet : https://www.alpa.swiss/alpa-media-asset ... bn-battuta, Yan Bighetti de Flogny se déplace avec jusqu'à 20 personnes. Cela ne m'empêche pas d'admirer l'oeuvre de Pierrre de Vallombreuse et de bien d'autres ou d'Eric Bouvet |
"+1" de la part de : cedric-paris |
|
cedric-paris |
|
Membre des Amis Messages : 8024Depuis le 20 oct 2013 entre jungle et mer |
Robert a écrit : pour ce projet : https://www.alpa.swiss/alpa-media-asset ... bn-battuta, Yan Bighetti de Flogny se déplace avec jusqu'à 20 personnes.Beau projet. Ibn Battuta! Un héros de l'enfance, découvert dans la Découverte du Monde en bandes dessinées de Larousse, puis par son récit dans une édition en français en livre de poche dénichée chez Gibert quand j'étudiais dans ce quartier. Dans la vidéo, Bighetti est filmé en train de photographier, donc en effet il doit avoir une équipe vidéo qui le suit. Il semble photographier au Grand Format (Alpa?). Les couleurs de la première de la série, une felouque sur le Haut-Nil, sont magnifiques. bedojo a écrit : Quelle importance?...Cette question suppose qu'ils sont tous interchangeables. Ce n'est pas le cas amha, et je voulais voir à quoi ressemblent les photos d'un photographe de qui ne s'intéresse ni aux gens, ni à l'Afrique. Nat.Geo avait en 2005 une quarantaine de photographes. J'en ai connu un, et ce n'était pas la même approche. Pour lui, l'avantage unique de Nat.Geo est qu'ils lui offraient le luxe de rester du temps sur place, ou de revenir travailler sur une série non terminée. Nat.Geo avait (et a peut-être toujours?) une position privilégiée dans le monde de la photo et de la presse. Carpe Noctem |
Robert |
|
Membre des Amis Messages : 18657Depuis le 21 déc 2006 Ile de France |
Alpa avec dos Phase One Trichromatique 150 Mpix. Très belles images... Ibn Battuta peut être lu dans la Pléiade dans le tome consacré aux Voyageurs Arabes |
cedric-paris |
|
Membre des Amis Messages : 8024Depuis le 20 oct 2013 entre jungle et mer |
Robert a écrit : Ibn Battuta peut être lu dans la Pléiade dans le tome consacré aux Voyageurs Arabes Belle idée à offrir à Noël (même si perso je préfère les poches qu'on peut emporter en vadrouille). Carpe Noctem |
fabrice pejout |
|
Régulier Messages : 114Depuis le 8 juin 2005 Paris, proche Roissy CDG |
J'ai vu l'expo Amazonia à la Philharmonie de Paris aujourd'hui Je suis un admirateur de l'oeuvre de Salgado jusqu'à "Exodes" inclus et je n'ai jamais vraiment compris les critiques dont il a fait l'objet sur l'esthétisation de la misère ( enfin, je les comprends mais je les trouve fausses, mais c'est un autre débat) mais je suis régulièrement déçu depuis Génésis par un rendu tape à l'oeil. Le livre "Gold" récemment édité cher Taschen fait subir à des images formidables précédemment publiées dans "la main de l'homme" un traitement HDR qui leur enlève toute saveur. Il suffit d'ouvrir côte à côte "Gold" et "La main de l'homme" sur une même image pour que la différence, la perte, saute aux yeux. Dans Amazonia, les grands panneaux en suspension, représentant des paysages amazoniens vus du ciel sont hyper fouillés au point d'en être agressifs pour l'oeil. Même si je m'attendais à pire, et je conçois que pour des spectateurs nés à l'image avec le numérique, celà ne soit pas flagrant, les images sont comme des écrans TV 4K grand format qu'on regarderait à 50cm. Imaginez du verre pillé, collé sur un grand panneau, sous un spot de lumière dirigé et vous aurez l'impression que l'on ressent devant ces posters. Je peux comprendre les contraintes d'un projet de cette ampleur et l'utilisation du numérique. Quand, pour des raisons de marketing, Salgado expose dans le métro en même temps qu'à la philharmonie, le mec qui rentre chez lui en RER après une journée de boulot passée devant un écran d'ordinateur a besoin que le poster de la forêt Amazonienne lui saute littéralement dessus pour le voir. Les portraits d'indiens sont plus soft, et plus intéressantes mais , là aussi, les plus anciennes de 1998, réalisées en argentique , ont une profondeur qu'on ne retrouve pas sur les plus récentes. Je feuilletais, juste après, "Réponses photo" où Salgado expliquait qu'il ne reviendrait jamais à l'argentique et que ses tirages numériques n'avaient jamais été aussi bons. Puis deux lignes plus bas, il dit que les expos sont tirées en numériques, mais que pour les collectionneurs, il n'y a que les tirages barytés argentiques ou platine qui vaillent. Tu m'étonnes Charles, les collectionneurs sont, eux, encore capables de faire la différence, et pour eux les tirages numériques ne sont pas aussi bons que pour le vulgaire pékin qui va voir les expos. Dommage, je me souviens des expos "La main de l'homme" et "Exode" alors que j'ai déjà presque oublié celle-ci. J'ai visité juste après l'expo Marc Riboud au musée Guimet. Tout en argentique, tirages d'époque ou récents (par Thomas Consani chez DUPON) et là l'énorme différence c'est que c'est vous qui rentrez dans l'image et non l'image qui vous agresse. Il y a une texture et une épaisseur de la matière photographique dans laquelle votre oeil se promène, quand il reste à la surface d'une image d'imprimerie amazonienne. Salgado dit dans "Réponse Photo" qu'il va prendre sa retraite et ré-éditer des reportages anciens, en particulier "Autres Amériques" que les contraintes d'édition avaient limitées à 50 images. J'adore ce livre, je lui trouve une poésie et une sensibilité magnifique, alors par pitié, qu'il refasse faire des tirages papier et qu'il ne scanne pas ses négatifs pour les traiter sur PS comme avec Gold!!! |
"+1" de la part de : cedric-paris, lourip |
|
fabrice pejout |
|
Régulier Messages : 114Depuis le 8 juin 2005 Paris, proche Roissy CDG |
Quand je dis qu'il faut que l'image lui saute dessus: |
"+1" de la part de : cedric-paris |
|
tilu |
|
Spécialiste Messages : 1304Depuis le 14 nov 2009 Le Crotoy (baie de somme) |
On est plus dans l’affiche pub que dans la photo en effet Moi cela ne me donne pas envie |
cedric-paris |
|
Membre des Amis Messages : 8024Depuis le 20 oct 2013 entre jungle et mer |
Moi non plus. Après ce retour de Fabrice, j'ai davantage envie d'acheter un bouquin de Salgado d'il y a quelques années que de voir l'expo. Carpe Noctem |
Robert |
|
Membre des Amis Messages : 18657Depuis le 21 déc 2006 Ile de France |
Il est vrai que Salgado a sombré dans la grosse machine, mais certaines images argentiques, en particulier les portraits méritent tout de même que l'on s'y attarde. On peut voir aussi cette expo comme ce qu'elle est, une dérive du "star system", mais aussi comme un spectacle dans tous les sens du mot. Riboud n'a rien à voir avec cela et ses images, composition et nuances, sont d'une toute autre subtilité. Deux mondes bien différents. Tous ses livres en témoignent. Entre les deux, on peut penser à Mc Curry avec d'un côté cette expo au Leica Store St Honoré, pour le lancement du SL2, avec des "tirages" à c..., et de l'autre, un livre avec des impressions toute en nuances co-édité avec le Musée Barbier-Muller : https://www.barbier-mueller.ch/2020/10/ ... r-mueller/ Les réalités sont toujours un peu ambigües, même à l'heure de l'affairisme roi. |
Paul |
|
Membre des Amis Messages : 3155Depuis le 8 juin 2009 Paris |
Il faut reconnaître que ça n’est pas évident de satisfaire tout le monde : - pour des affiches dans le métro ou des images de promo sur Instagram, il faut que ça soit très accrocheur et poussé dans les curseurs tant les images du quotidien sont saturées - pour l’expo elle même, si on revient à du classique certains pourront être déçus de la différence avec ce qu’ils ont vu en promo... |
bedojo |
|
Membre des Amis Messages : 9225Depuis le 19 mai 2010 corse |
...de la dégradante obligation d'être de son temps... |
Robert |
|
Membre des Amis Messages : 18657Depuis le 21 déc 2006 Ile de France |
Paul a écrit : Il faut reconnaître que ça n’est pas évident de satisfaire tout le monde :- pour des affiches dans le métro ou des images de promo sur Instagram, il faut que ça soit très accrocheur et poussé dans les curseurs tant les images du quotidien sont saturées - pour l’expo elle même, si on revient à du classique certains pourront être déçus de la différence avec ce qu’ils ont vu en promo... Belles images de drone sur ton Instagram Ton site n'est plus très à jour (Esclavage moderne ?) |
igemo |
|
Spécialiste Messages : 1678Depuis le 18 oct 2005 Paris |
Merci Fabrice! La manie de "briquer" ses anciennes images à l'ordi pour les rendre "meilleures" ne touche pas que Salgado. Harry Gruyaert mériterait lui aussi de se faire taper sur les doigts... Et pour Genesis l'expo actuelle à la galerie Polka est un authentique attentat pour les yeux. On nage dans un kitsch* visuel en n&b ce qui est un tour de force car le kitsch est d'habitude associé à la couleur. [* = concept "intimement lié à l'idée de l'inauthentique, de la surcharge et du mauvais goût"... on est dedans!] "In the future, Russia will be the military center of the world, Iran the scientific center, and China the economic center." Ebrahim Raisi |
Robert |
|
Membre des Amis Messages : 18657Depuis le 21 déc 2006 Ile de France |
igemo a écrit : Merci Fabrice!La manie de "briquer" ses anciennes images à l'ordi pour les rendre "meilleures" ne touche pas que Salgado. Harry Gruyaert mériterait lui aussi de se faire taper sur les doigts... Et pour Genesis l'expo actuelle à la galerie Polka est un authentique attentat pour les yeux. On nage dans un kitsch* visuel en n&b ce qui est un tour de force car le kitsch est d'habitude associé à la couleur. [* = concept "intimement lié à l'idée de l'inauthentique, de la surcharge et du mauvais goût"... on est dedans!] Il y a en ce moment du kitsch en couleur au Leicastore St H |
igemo |
|
Spécialiste Messages : 1678Depuis le 18 oct 2005 Paris |
C'est dommage car ils sont super sympas, et pas "prout prout" pour deux sous. J'ai un style vestimentaire plutôt relâché et pourtant on m'a toujours accordé le meilleur accueil là-bas... ce qui ne fut pas toujours le cas sur le boulevard des 4 voleurs... Pour en revenir à "El Bresiliano" il est comme BHL : on peut le critiquer, lui taper dessus, le dénoncer, rien à faire il est toujours là, insubmersible, table ouverte dans les medias. Alors bon... Sans transition... si vos pas vous portent du côté du théatre de l'Odéon ne manque la sublissime photo de Frank Horvat qui orne une affiche apposée sur l'une des façades de ce bâtiment. Couleurs Kodachrome, années 60, superbe! "In the future, Russia will be the military center of the world, Iran the scientific center, and China the economic center." Ebrahim Raisi |
"+1" de la part de : cedric-paris |
Retourner vers Livres, sites, expositions et événements
Utilisateurs parcourant cette section : Aucun utilisateur enregistré et 6 invités