igemo a écrit :
tilu a écrit :
Willy Ronis était communiste et il a toujours revendiqué de ranger son objectif du côté des exploités et des humiliés.
Il a de ce fait dû sortir du circuit des grandes agences qui permettaient aux magazines de prendre la main sur les recadrages et les légendes...
C'est faux : après guerre être communiste était quasiment un "must" chez les photographes! Si Ronis n'a pas intégré une grande agence c'est probablement du fait de choix personnels (pas envie de "tafer" pour rapporter des commandes, pas envie de voyager continuellement comme on le faisait chez Magnum à cette époque) et pas du tout à cause de son engagement communiste qui lui aurait "fermé" des portes.
Et chez Magnum on veillait à ce que le travail des photographes soit respecté. Donc, l'argument ne tient pas.
Tu n'as pas écouté les interviews de W. Onis dans le reportage. C'est lui qui explique qu'il a fait le choix de ne plus être distribué par des agences car aucune ne lui donnait la main sur les légendes de ses photos. Ecoute l'interview tu verras ce n'est pas moi qui le dis.
De plus il ne faut pas confondre la couleur du vote d'un photographe avec l'engagement politique de son travail. A une époque ou le PCF était de loin le premier parti de France nombre d'artistes se disaient sympathisants communistes, comme le monde artistique connue beaucoup de socialistes dans les années 80...
citation :
Et plus généralement il est quand même problématique de voir des gens se réclamant d'une pensée humaniste, rendre hommage à Lénine et Staline, qui eux ont rempli des fosses communes le temps où ils occupé le pouvoir. Il aura fallu les chocs de Budapest 56 ou Prague 68 pour que certains en France ouvrent (enfin) les yeux et rendent leur carte du Parti... et il n'étaient pas si nombreux.
Il faut constater que Willy Ronis ne voyait pas les choses comme ça... et il était loin d'être le seul. En effet l'URSS de Staline c'était d'abord les vainqueurs du nazisme et les défenseurs de la République Espagnole. Le PCF et la CGT c'était la semaine de 40h, les congés payés, les colonies de vacances pour les gamins de la banlieue rouge, la fin du servage en Russie Impériale, la fin de la première guerre Mondiale etc... la propagande revancharde issue du rapport Kroutchev puis amplifiée et déformée à la mode Courtois au moment de la chute de l'URSS n'était pas encore passée par là. L'histoire est toujours écrite par les vainqueurs...
Bien sur on peut dire comme OSS117
"Une dictature c'est quand les gens sont communistes, déjà, ils ont froid, avec des chapeaux gris, et des chaussures à fermeture éclaire" et vouloir censurer l'iconographie qui ne corrobore pas cette vision héritée de la guerre froide. C'est sur que la photographie de Ronis ne cadre pas avec cette vision.
citation :
Quand en 1947 David Roussel révélait que l'univers concentrationnaire existait
aussi en URSS, le Parti Communiste Français portait plainte contre lui!
je te conseille le bouquin Agusti Centelle 1909-1985 montrant le travail de cet immense photographe espagnol... tu verras que l'univers concentrationnaire se trouvait aussi proche de chez nous... Il ne me viendrai pas à l'idée de juger de l'action de Churchill en me basant sur ses discours racistes, antisémites et sur ses responsabilités dans les millions de morts de la famine du Bengale. le manichéisme n'est jamais un bon outil de compréhension du monde.